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« Les inspecteurs sont les relais des stratégies d’entreprises »

Interview de Francky Vincent, président du SNIA (Syndicat National de Inspecteurs de l’Assurance), fédération CFE CGC.

Par Florence Duflot, chef de rubrique à la TRIBUNE DE L’ASSURANCE- Le 22/12/2016

Depuis toujours, les inspecteurs d’assurance anticipent et s’adaptent aux évolutions. En cette période instable et mouvementée, leur syndicat professionnel, le SNIA, fait en sorte de le rappeler.

Quel est fin 2016 le taux d’adhésion au SNIA ?

Sur les 6 120 inspecteurs recensés dans la profession, 1 800 adhèrent au Syndical national des inspecteurs d’assurances (SNIA), soit un taux d’adhésion de 30 %. Comparé à la moyenne nationale, le SNIA détient un record de représentation. Nous sommes l’un des corps les plus anciens et les plus solidaires. Les inspecteurs s’identifient bien à leur syndicat qui défend les intérêts individuels et collectifs. Notre ambition est d’atteindre 2 000 adhérents pour les 90 ans du SNIA en 2018. Le lancement de notre chantier développement syndical devrait nous y aider. Nous avons déjà édité un flyer « 8 raisons d’adhérer au SNIA ». Nous incitons nos membres à parrainer des collègues, et nous organisons des réunions en régions avec la participation de spécialistes de la communication et du coaching.

La baisse des taux obligataires vous fait-elle peur ?

Cette baisse des taux obligataires nous préoccupe, car les compagnies ont moins de marge de manœuvre qu’avant. Elles ont moins de revenus émanant des produits financiers. Les fonds en euros sur les contrats d’assurance vie ne sont plus rentables. Aussi, elles cherchent à orienter leurs clients vers les unités de compte et à diminuer leurs frais généraux. Ce qui n’est pas sans avoir d’incidence sur leur politique de distribution, voire sur l’emploi à terme. Quoi qu’il en soit, les entreprises ont toujours besoin de l’inspection pour faire appliquer leur stratégie auprès des distributeurs, surtout de réseaux salariés. Nous demeurons un relais incontournable. Nous avons aussi conscience des évolutions qui impactent notre métier, qu’elles soient technologiques avec les nouveaux outils de travail, ou managériales. Beaucoup de sociétés fonctionnent désormais de façon plus libérale en mode start-up et participatif. C’est à nous de nous adapter, d’anticiper et d’être force de solution. Le SNIA devient alors un excellent vecteur de concertation avec nos dirigeants d’entreprise.

Que pensez-vous de la volonté du gouvernement de réduire le nombre de branches professionnelles et du coup des CCN ?

Le gouvernement a fait savoir au travers de la loi travail qu’il allait réduire le nombre de branches professionnelles. Ne sont concernées que celles qui totalisent moins de 5 000 salariés. L’inspection n’est donc en principe pas visée. Le SNIA, comme la Fédération de l’assurance CFE-CGC et la confédération, veulent être vigilants par rapport à des rapprochements inappropriés entre branches et conventions collectives. Certaines organisations syndicales mettent la pression depuis longtemps sur la FFSA, aujourd’hui FFA, sur le thème du regroupement des conventions collectives de l’assurance. Nous y sommes foncièrement opposés, car notre métier comporte des spécificités, notamment le principe de la concertation figurant à l’article 17B de notre CCN inspection de juillet 1992. Notre syndicat est totalement décomplexé à ce sujet. Nous continuons de nous battre pour préserver notre identité et être en capacité de créer les conditions des réformes. La Fédération de l’assurance CFE-CGC porte le même discours et les syndicats fédérés ont la même vision de l’importance de la spécificité des conventions.

Les inspecteurs veulent être force de proposition et faire figure d’incubateur. Comment vous êtes-vous organisé pour y parvenir ?

Devant les évolutions managériales et numériques que nous connaissons, nous voulons être force de proposition vis-à-vis des compagnies. Aussi, 2016 a été consacré à la réflexion ; nous avons rencontré les responsables des sections d’entreprises, et nous sommes ouverts aux plus petites entreprises, notamment Afi-Esca et Aréas. Nous avons mis en place plusieurs chantiers, outre ceux déjà évoqués de la concertation et du développement syndical et nous allons rencontrer en 2017 un nombre important de dirigeants d’entreprise pour défendre nos idées.

Quels sont ces chantiers ?

Ils concernent la digitalisation et la transformation numérique. Nous estimons que ce n’est pas intuitif. L’inspecteur maîtrise son métier, mais pas nécessairement ces nouveaux outils ou réciproquement. Raison pour laquelle une formation doit être obligatoirement délivrée à des inspecteurs référents. Lesquels pourraient se charger de démultiplier l’action sur le terrain. Les méthodes de travail et de captation des clients changent. Même si la recommandation commerciale joue encore à plein, aujourd’hui les réseaux sociaux sont devenus un vecteur nouveau pour capter les clients. A ce titre, les inspecteurs, seules professions commerciales et techniques que nous retrouvons dans tous les réseaux de distribution, pourront faciliter la stratégie de redistribution des clients captés via les réseaux sociaux. Les inspecteurs auront besoin de formations qui seront dispensées par les écoles internes des sociétés et financées par elles. Il va falloir promouvoir dans ce domaine les échanges de compétences entre juniors et seniors.

Vous avez justement lancé un chantier jeune pousse !

Oui, c’est très important d’associer les jeunes professionnels à nos réflexions. Car ils seront les décideurs de demain. Ils ont entre 30 et 45 ans. Si précédemment on ne devenait inspecteur qu’à travers la promotion, aujourd’hui l’inspecteur est également recruté sur le marché extérieur de l’emploi. Ainsi, son profil évolue : certains sont d’anciens directeurs régionaux de banque, directeurs marketing, managers… Ils entrent dans cette profession plus jeunes et sont plus mobiles. Ils changent de réseaux par exemple, passent du réseau courtage collectives au réseau salarié ou au réseau agents généraux. Fort de ce constat, le SNIA a prévu 5 à 6 réunions annuelles pour recueillir leur vision, notamment sur l’évolution managériale et digitale. Nous avons lancé également deux autres chantiers qui touchent aux retraités et aux femmes. Nous souhaitons conserver nos retraités au bureau exécutif, au bureau national et au conseil syndical. Leur expérience nous est précieuse. Nous avons mis en place à leur intention un service similaire aux prestations sociales d’un comité d’entreprise qui leur permet de disposer d’avantages non négligeables et nous allons également réfléchir à un système de prévoyance complémentaire. Nous allons aussi approcher nos confrères qui ont entre 55 et 58 ans, pour les sensibiliser à la question. A l’égard des femmes dont le taux d’adhésion est plus faible (14 %), nous allons travailler le parrainage. Et entamer une réflexion sur l’inspection au féminin.

En 2017, quels seront les principaux axes de travail du SNIA ?

Nous rencontrerons les dirigeants d’entreprise en venant avec nos propositions et nos idées ; il sera important de connaître les réflexions des dirigeants sur l’inspection agence et courtage et la nécessaire revalorisation de l’inspection technique (respect de l’article 2 de notre convention). Au niveau des réseaux salariés, nous serons vigilants quant au développement du nombre d’inspecteurs. Nous veillerons à ce que la concertation soit bien appliquée partout conventionnellement. Un séminaire de réflexion réunissant les membres du bureau exécutif a eu lieu début décembre avec pour objectif de planifier toutes les actions 2017.

L’article dans son contexte : http://www.tribune-assurance.fr/article/6294-les-inspecteurs-sont-les-relais-des-strategies-d-entreprises?autoLoginToken=1953ba8a06f38f58bd2aabee240252989615d578505cec17a0560b288a3596e5

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